Transition énergétique dans l’immobilier : les limites du certificat PEB et les pistes pour 2030 et 2050

13-12-2024

Un enjeu collectif mal ciblé
La réduction des émissions de gaz à effet de serre est un impératif mondial. Dans ce contexte, l’Union européenne a instauré le Certificat PEB (Performance Énergétique du Bâtiment) comme outil central de la transition énergétique dans l’immobilier. Cependant, ce certificat semble mal orienter les efforts écologiques et sociaux, en entraînant des impacts négatifs sur l’économie et le logement.

L’écart entre théorie et réalité
En théorie, les bâtiments mieux classés selon le PEB devraient consommer moins d’énergie. Pourtant, les études montrent que cette consommation reste souvent constante, quel que soit le score. L’erreur vient de l’absence de prise en compte des occupants : ce sont leurs usages qui déterminent réellement les consommations énergétiques. Isoler à outrance sans réguler les comportements ne garantit pas une baisse des émissions. De plus, les rénovations massives nécessaires pour améliorer les labels PEB consomment elles-mêmes des ressources importantes, risquant parfois d’avoir un impact écologique négatif.

Une mesure contestable : le [kWh/m²]
L’indicateur [kWh/m²/an], utilisé pour attribuer les labels PEB, ne reflète pas toujours les réalités. Il ne tient pas compte de la taille des biens ou du nombre d’occupants. Ainsi, une villa bien isolée peut consommer plus qu’un petit appartement moins performant. Ce biais favorise les grands logements et pénalise les familles nombreuses ou les personnes vivant dans des petits espaces, renforçant des inégalités sociales et environnementales.

Un risque de fracture sociale
La pression sur les propriétaires pour rénover les logements mal isolés conduit souvent à des augmentations de loyers. Cela pèse lourdement sur les ménages modestes, qui ne bénéficient pas toujours de réductions significatives des charges. Ce phénomène crée une « bombe sociale » en excluant les plus précaires des logements rénovés et en aggravant la crise du logement.

L’impact sur l’offre locative
Face à ces exigences, de nombreux propriétaires préfèrent vendre leurs biens plutôt que de les rénover, diminuant ainsi l’offre locative. Cette situation contribue à la hausse des loyers et à une crise du logement accentuée. Il est essentiel de calibrer les exigences PEB pour éviter ces effets pervers et de prioriser des actions ciblées, comme l’isolation des toitures ou le remplacement des systèmes de chauffage obsolètes.

Apprendre du passé
La rénovation énergétique mal maîtrisée peut endommager les bâtiments anciens, notamment en provoquant des problèmes d’humidité. Elle risque aussi d’altérer leur patrimoine architectural. Il est crucial d’éviter une nouvelle « bruxellisation », où les politiques publiques détruisent la richesse historique des villes sous prétexte de modernisation.

Les disparités régionales des certificats PEB
Un autre enjeu majeur réside dans les disparités entre les méthodologies PEB appliquées dans les trois Régions de Belgique (Flandre, Bruxelles, Wallonie). Le même bien peut obtenir des scores différents selon la Région, en raison des grilles de calcul et des critères spécifiques à chaque territoire. Cette incohérence complique la compréhension et l’interprétation des certificats par les propriétaires et les acheteurs, réduisant leur utilité comme outil unifié. Une harmonisation des méthodologies au niveau national, voire européen, est essentielle pour garantir une transition énergétique cohérente.

Une nouvelle approche pour une transition réussie
Pour une politique énergétique juste et efficace, voici quelques pistes d’amélioration :

  1. Réviser la méthodologie PEB : Inclure les consommations réelles et le bilan carbone des travaux pour privilégier des rénovations à faible impact.
  2. Uniformiser la méthodologie au niveau national, voire européen : Un bien identique en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie aboutit à un certificat PEB au score différent. La faute aux méthodes de calcul et aux grilles de score, qui ne sont pas identiques d’une Région à l’autre.
  3. Prioriser les toitures : Renforcer les primes pour isoler les toitures, une source majeure de déperditions thermiques.
  4. Soutenir financièrement les travaux : Proposer des prêts à taux zéro, des subventions et des crédits d’impôt pour encourager les rénovations.
  5. Former les professionnels : Développer les compétences des entrepreneurs et artisans dans les métiers de la rénovation.
  6. Soutenir les copropriétés : Faciliter l’accès au financement et simplifier les démarches pour les copropriétés.

Conclusion : ouvrons le débat
La transition énergétique dans l’immobilier doit dépasser les objectifs théoriques pour s’adresser aux réalités écologiques et sociales. Elle ne peut se faire sans un débat ouvert, des mesures pragmatiques et un soutien adapté. Construisons ensemble un modèle durable et équitable, où chaque citoyen trouve sa place.

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